Comment j’en suis arrivée à me lancer comme photographe professionnelle
J’ai débarqué à Lyon en septembre 2015. Là c’est le déclic. Lyon n’est pas qu’une ville nouvelle à mes yeux, c’est une ville magnifique qui m’époustoufle, m’enchante, me fait vibrer. Je vois la beauté partout, dans ses avenues, ses ruelles, ses places, ses fontaines, aux abords de ses fleuves. Je n’ai qu’une envie, explorer cette ville à fond en quête du beau, du caché, de l’inattendu. Alors je marche pendant des heures et prends des photos avec mon téléphone. Je commence à inonder mon compte Instagram perso. Déjà, cette envie de regarder le monde différemment.
2016, le cadeau qui me suit encore aujourd’hui
Mon compagnon m’offre mon premier réflex. Un Nikon D5300. Étudiante, c’était alors quelque chose que je ne pouvais pas m’offrir, j’étais la plus heureuse du monde, j’avais l’impression d’avoir un bien inestimable entre les mains. Je resterai en mode automatique de longues années : la photographie comme art et pratique m’impressionnait, je pensais que je n’étais pas assez douée pour passer en mode manuel. Alors j’enviais les autres, demandant parfois conseil mais n’osant pas passer le pas, et en attendant, je continuais à prendre des photos, partout, tout le temps. Surtout de ma famille, de mes amis, de mes voyages. Je scrutais les détails, cherchais les angles de vues différents, tentais de nouvelles compositions. Frénésique, je shoote des centaines de milliers de photos, mais surtout je les développe aussi, ces photos-là. Pour moi, la photo a besoin d’être imprimée pour vivre, pour être complète. La photo doit se toucher, se coller, s’encadrer, se transmettre, pour exister par-delà les années.
Novembre 2018
Alors que je suis en Afrique centrale pour le travail, ma grand-mère décède. Je ne peux pas me rendre à ses funérailles. Au-delà de la douleur de ne pas pouvoir lui dire au revoir, ce qui me reste d’elle, ce sont les photos prises quelques mois auparavant, la dernière fois que je l’ai vu. La photo en question, je l’ai toujours en fond d’écran de mon téléphone, 4 ans après, immobile. C’est comme une claque : la photographie, c’est notre seul recours pour faire vivre toujours ceux qui partent avant nous. Moi qui aimait jouer avec le temps en figeant l’instant, je comprends que c’est là mon seul poids face à ce temps qui emporte tout. Alors je décide de continuer, je n’arrêterai jamais d’immortaliser la vie, mon présent, mes proches. La vie est si fragile.. Chacun fait ce qu’il peut pour avoir l’impression de maîtriser ce qu’il ne peut maîtriser, n’est-ce pas ?
Septembre 2019
L’arrivée de ma fille dans ma vie. Je ne peux pas parler de bouleversement, car je l’attendais depuis de longues années, mon bébé. J’ai l’impression que j’ai toujours pensé à elle, toujours voulu qu’elle soit là. Comme tout parent, je la mitraille de photos, sans aucune autre recherche que celle de me rappeler de tous ces moments de bonheur qu’elle nous offre. Là c’est une autre manière de penser : au lieu d’avoir peur de l’avenir, je me mets à aimer plus que tout le présent, à le chérir. La photographie m’aide alors à garder intacts tous ces détails, notre rencontre, sa première chambre, ses beaux cheveux, ses petites mains, ses mimiques impossibles à décrire, et les millions d’autres choses qu’un parent peut avoir envie de se souvenir à propos de son enfant. La photographie devient comme une madeleine de Proust, en revoyant une photo je peux retomber dans la scène, sentir les odeurs, entendre les sons. C’est magique, finalement mon bébé restera toujours un peu bébé grâce à ces clichés.
Janvier 2021
Après avoir quitté mon emploi dans une ONG en 2020, puis expérimenté le marketting relationnel pendant un an, je me rends compte que je bloque dans mes projections professionnelles. Qu’ai-je envie de faire pour les 10 prochaines années ? Comment être encore davantage fière de moi ? Qu’est-ce qui compte vraiment pour moi ? Là, c’est l’évidence. Allez je me lance, j’ose le dire, je veux devenir photographe professionnelle. Je sais bien qu’en matière d’entrepreneuriat, ce n’est pas le diplôme qui fait la différence, mais bien l’envie, le travail, la persévérance, la motivation. Dans ce cas, moi aussi je peux réussir. En tout cas je dois essayer. Chez moi, pas de syndrôme de l’imposteur, du moins pas qui m’empêche d’avancer. Combien de grands de ce monde ont réussi en partant de rien ? Je veux me donner ma chance et on verra bien où cela me mène. Et depuis que j’ai pris cette décision, je me lève chaque matin en ayant l’envie de m’y mettre, apprendre, apprendre, apprendre encore. Tester, essayer, avancer, travailler, persévérer.
« Ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas, c’est parce que nous n’osons pas qu’elles sont difficiles. »
Voilà comment je suis arrivée à me lancer à mon compte en tant que photographe. Ça vous parle ? Vous donne envie de réagir ? N’hésitez pas ! 🙂
Et vous, arrivez-vous à vous retourner sur votre parcours pour comprendre pourquoi vous êtes là où vous êtes aujourd’hui ?
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