L’heure du bilan

Depuis l’année dernière, j’ai eu envie d’aller explorer l’autoportrait. A l’origine était-ce par envie de tester ma créativité ? Par féminisme et militantisme ? Par envie de me confronter à mon image ? Par besoin de créer des photos lors du challenge #100daysoflumière2021 ? Je ne sais plus exactement. Toujours est-il que j’ai adoré cet exercice et me suis prise au jeu. L’autoportrait permet de travailler sur son rapport au corps, son rapport à l’image, mais aussi de travailler la technique photo, le posing, la lumière. Bref c’est pour moi une source infinie de créativité.

En 2022, j’ai souhaité cadrer un peu cette pratique et aller encore plus loin dans l’exploration de l’autoportrait. Je me suis donc lancée dans un challenge appelé #52weeks soit un autoportrait par semaine pendant un an. Fin mars, j’en étais déjà à un quart du challenge, un quart de l’année déjà écoulé. (Tu peux retrouver tous mes autoportraits dans ma story à la une sur Insta « 52weeks »). J’ai donc jeté un oeil sur mes 12 premiers autoportraits de l’année et voici la première lecture que j’en ai faite :

  • L’importance de la gestuelle

Je me rends compte que mes mains sont hyper présentes dans mes autoportraits, pourtant je ne l’avais pas conscientisé lors des prises de vues. C’est bizarre je trouve, car je ne les aime pas spécialement, mes mains. C’est vrai, j’ai du mal à ne pas me ronger les ongles et je trouve mes doigts trop peu délicats. Donc je me demande, qu’est-ce que mes mains ont à me dire ? Qu’est-ce que je voudrais attraper ou toucher, inconsciemment ? En tout cas elles sont là, mes mains, je les vois, et j’utilise très souvent la gestuelle pour m’exprimer.

  • La présence de la matière

J’aime la matière, ça je le sais. J’aime les rideaux, les pulls, les draps. J’aime la peau, les cicatrices, les plis. Bientôt je serai aussi suffisamment confiante et puissante pour aimer les (mes) poils. La matière vient habiter mes images pour leur donner vie, la texture permet cette envie de toucher la photo. C’est comme une invitation à entrer dans mon monde. Je me rends compte en analysant mes images que le sens du toucher est quelque chose de très fort chez moi, en tout cas c’est ce qui ressort de mes photos.

  • Les jeux de lumière

Je n’ai pas souvent la confiance nécessaire pour dire que je sais la mettre en valeur. Pourtant, elle est là, sur toutes mes photos, mais elle n’est pas seulement là, elle est utilisée à bon escient. Je joue avec la lumière. Lorsqu’elle est diffuse, je me retrouve souvent derrière une vitre pour rajouter une texture justement. Quand elle est tachetée, je me glisse dans ses trous de lumière. Je joue avec les prismes, je la fais danser, la lumière. Lorsque je ne veux pas montrer mon visage, je me positionne face à un miroir. Lorsqu’elle est très directe, dure, finalement elle me sert à révéler, à diriger le regard. Je crois que la lumière est mon amie, après tout.

  • L’ambivalence de mon regard

L’ambivalence de mon regard. Mes yeux racontent une histoire à eux seuls. Deux cas de figure. Soit je détourne le regard, je ferme les yeux, soit je suis de dos. Qu’est-ce que je (me) cache ? Qu’est-ce que je ne veux pas voir ? Je ne sais pas. Naturellement j’ai tendance à fermer les yeux sur mes photos. Est-ce pour m’éviter d’avoir à croiser mon propre regard ? Mais justement, à l’inverse, parfois je regarde l’objectif bien droite, de face, sans sourciller ni adopter un sourire quelconque. J’aborde une expression neutre, sans y réfléchir, sans le conscientiser non plus. Je n’ai pas peur de paraître figée. Je préfère d’ailleurs arborer un visage sans expression que de faire un sourire sur commande. Mes sourires sonnent creux quand ils ne sont pas adressés à quelqu’un. Ce visage neutre me fait penser à celui de Vivian Maier sur ces autoportraits. Certains disent qu’elle était perchée, folle, bipolaire. D’autres qu’elle acceptait de se montrer au monde telle qu’elle était vraiment, sans avoir honte de sa vie, et avec même une certaine satisfaction d’être qui elle était. Est-ce que je me compare à cette grande photographe ? Non, bien sûr, mais ses photos sont une sources d’inspiration, je ne m’en cache pas !

Voilà pour ce premier petit bilan de l’année concernant mon challenge #52weeks. Un bilan plutôt d’analyse des images, peut-être que la prochaine fois je ferai le bilan trimestriel plutôt d’un point de vue organisation et motivation. Si tu as d’autres idées à me glisser ou si tu as des questions sur ma pratique de l’autoportrait, n’hésite pas ! 🙂

Et toi, l’autoportrait, tu as déjà essayé ? Qu’est-ce que tu penses de cet exercice ?